Programme > Conférenciers invités

Maya Gratier

(Université Paris Nanterre, Laboratoire Ethologie, Cognition, Développement - EA 3456)
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La culture incarnée : Interactions précoces, négociation et transmission

Cette communication a pour objectif de mettre en évidence l'intrication complexe entre les styles interactifs, les pratiques de soin et les représentations culturelles au cours de la petite enfance. J'argumenterai, à l'aulne de quelques pionniers comme Jerome Bruner, Colwyn Trevarthen ou Barbara Rogoff, que la culture n'est pas seulement transmise mais aussi fabriquée et façonnée au cours des interactions sociales quotidiennes entre adultes et bébés. Dès la naissance, le bébé est doté d'une motivation sociale qui l'oriente vers les autres et s'associe à un ensemble de comportements reflétant ses états internes, estompant en même temps la distinction entre vécu intérieur et comportement observable. La coordination interpersonnelle de ces comportements communicatifs multimodaux fait émerger des styles interactifs, variables selon les contextes culturels, emprunts des idéologies de transmission qui les orientent. La capacité de coordonner dans le temps ses comportements, expressions et états affectifs avec autrui permet au bébé d'être très tôt un participant de sa culture. Dans les premiers mois, les protoconversations sont déjà régulées selon des principes culturellement spécifiés, autour de 6 mois les bébés connaissent et anticipent les routines de jeux et de chants narratifs qui signent leur affiliation à une communauté de semblables, à la fin de la première année, les bébés identifient les objets et les pratiques valorisés par les membres de leur communauté culturelle et, quelques mois plus tard, commencent à participer à des activités culturelles coopératives.

Je présenterai des recherches portant sur ces 4 grandes étapes du développement précoce, permettant de cerner la manière dont le bébé se situe de plus en plus comme participant actif d'une communauté culturelle. J'aborderai la problématique du multiculturalisme du point de vue du développement individuel. Comment le « dépaysement » affecte-t-il les représentations et les pratiques de parentage ? Quels indices socio-culturels permettent au bébé de se situer dans ses relations sociales et de définir ses appartenances ? De quelles manières devrions-nous être attentifs aux trajectoires développementales d'enfants multiculturels et à leurs parents ?

A partir d'un ensemble de travaux de recherche sur le développement des interactions entre adultes et bébés, je proposerai que le développement humain soit conçu comme un processus de changement fondé sur la participation à des activités culturelles qui, en retour, contribuent à forger les communautés d'appartenance elles-mêmes. Les personnes et les cultures se créent donc mutuellement.

Valérie Tartas

(Université Toulouse Jean Jaurès, Laboratoire Cognition, Langues, Langage, Ergonomie - UMR 5263)
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Des outils culturels aux repères temporels chez l'enfant d'âge scolaire : vers une approche socio-historique du développement de la construction du temps

 Comment les enfants construisent-ils des repères temporels et quels rôles jouent les outils relatifs au temps dans cette construction ? La plupart des travaux en psychologie examine les notions temporelles indépendamment des outils culturels qui les rendent possibles. La communication propose, d'une part, d'examiner les fondements d'une perspective socio-historique de la construction des repères temporels comprenant l'étude des usages des outils culturels (Tartas, 2009), et, d'autre part, d'illustrer par des exemples de recherches comment les repères temporels sont élaborés (notamment via les usages des systèmes de notation tels que calendrier, frise des jours, etc.).(Mendes et al. 2015 ; Tillman et al, 2017 ; 2015). L'étude du temps dans une approche socio-historique du développement permet de pouvoir ouvrir la discussion sur certains dualismes bien présents en psychologie du développement (sujet-objet ; monde social-monde physique, ...) qui sont souvent contraires à une psychologie située du développement.

Références
Mendes de Carvalho Alt, A. & Tartas, V. (2015). Développement des systèmes sémiotiques pour dire et penser le temps chez l'enfant de 3 à 11 ans. Bulletin de psychologie, 68 (6)- 540, 441-454.
Tartas,V. (2009). La construction du temps social par l'enfant. Berne : Peter Lang.
Tillman, K. A., Marghetis, T, Barner, D., & Srinivasan, M. (2017). Today is tomorrow's yesterday: Children's acquisition of deictic time words. Cognitive Psychology, 92, 87-100.
Tillman, K. A., & Barner, D. (2015). Learning the language of time: Children's acquisition of duration words. Cognitive Psychology, 78, 57-77.

Grégoire Zimmermann

(Université de Lausanne, Centre de recherche sur la famille et le développement)
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« I want to break free » - Quelques considérations sur les enjeux d'autonomie dans les relations parents-adolescents

Dans les sociétés occidentales, l'adolescence est considérée comme une période développementale de transition et de changements, marquée par d'importants réaménagements familiaux. Nous assistons en général à un mouvement d'émancipation de la part des adolescent·e·s qui prennent de plus en plus de distance vis-à-vis de la sphère familiale, au profit des relations avec leurs pairs. Ce mouvement d'émancipation peut s'accompagner d'une augmentation des conflits entre parents et adolescent·e·s, le plus souvent jugés mineurs par ces dernières et ces derniers, alors qu'ils constituent une source de stress pour les figures parentales. Face à ces changements relationnels et aux nouvelles revendications d'indépendance et d'autonomie, il arrive fréquemment que les parents se questionnent sur leurs pratiques parentales. Pour répondre à leurs interrogations, les parents ont à disposition sur le marché une très grande diversité d'ouvrages vulgarisés écrits par des praticiens et des cliniciens qui proposent des conseils éducatifs souvent alimentés par leur pratique quotidienne et illustrés par des études de cas mises au service de leur démonstration.

Dans cette brève présentation, nous proposons d'examiner certains travaux issus de la littérature scientifique contemporaine sur les relations parents-adolescents qui peuvent apporter des réponses à certains questionnements parentaux. Dans un premier temps, nous centrerons nos réflexions sur le concept d'autonomie et la conquête de l'autonomie conçue comme une tâche développementale centrale de l'adolescence. Ensuite, nous essayerons de montrer en quoi des travaux récents sur l'autonomie à l'adolescence nous permettent de dépasser des débats fréquents sur les questions des règles, des interdictions et des limites dans l'éducation des adolescent·e·s.